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16 juin 2011

"L'assassin de Damas" par Bernard Guetta...

Voici la Chronique de Bernard Guetta diffusée le mercredi 15 juin 2011 dans la matinale de France Inter...

A diffuser....

"L'ASSASSIN DE DAMAS.

Il y avait des images, diffusées sur internet et qui parlaient d’elles-mêmes. Il y avait des récits indirects, recueillis par l’émigration syrienne et qui, déjà, glaçaient le sang d’horreur mais, faute de journalistes présents sur place, on n’avait pas encore eu de témoignages directs, vérifiés et incontestables sur ce que Bachar al-Assad et sa famille infligent à leur peuple depuis trois mois.

Maintenant que près de dix mille Syriens ont trouvé refuge en Turquie dans un flot qui grossit sans cesse, des témoins peuvent parler à la presse, notamment à notre envoyé spécial, Omar Ouahmane, qui a même passé la frontière, et ce que tous rapportent est simplement intolérable. Ce ne sont que bourgades passées au fil de l’épée, femmes violées devant leurs enfants, champs brûlés, maisons détruites et soldats abattus sur place, séance tenante, dès qu’ils montrent la moindre hésitation à appliquer les consignes qui leur sont données. Les ordres sont simples, racontent les déserteurs : tuer, tuer sans discernement pour semer la terreur et la terreur règne dans les troupes chargées de la répandre.

Maintenant documenté, tout cela est tellement atroce que l’inaction internationale en devient odieuse. Il se passe en Syrie ce que l’Onu a empêché de se produire en Libye. Ce n’est plus une éventualité qu’il faudrait combattre mais une réalité que plus personne ne peut nier et le monde laisse faire.

Ce n’est pas que personne ne bouge. La Turquie a ouvert ses frontières aux réfugiés, les nourrit et les soigne. C’est son honneur comme c’est celui de la France de dénoncer cette barbarie jour après jour, toujours plus vigoureusement, et de batailler, surtout, au Conseil de sécurité pour obtenir qu’il veuille bien condamner, verbalement au moins, le régime syrien. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, se démène également mais, comme ceux de la France, ses efforts restent vains car il n’y a pas aujourd’hui de majorité au Conseil de sécurité pour appeler un chat un chat et Bachar al-Assad un assassin.
La Russie ne le veut pas parce qu’elle a gardé, datant de la Guerre froide, des liens privilégiés avec la Syrie et que Dmitri Medvedev, son président, s’est fait sévèrement tancer par son prédécesseur et rival, Vladimir Poutine, pour n’avoir pas opposé le veto russe à l’intervention en Libye.
Comme la Russie, la Chine ne veut pas que l’Onu prenne le pli d’intervenir pour sauver des peuples de leur dictateur. Leurs raisons ne sont que trop évidentes et des pays comme l’Inde, le Brésil et l’Afrique du sud freinent aussi des quatre fers parce qu’ils sont encore marqués par l’anti-impérialisme et les solidarités tiers-mondistes d’une époque révolue.

L’Onu est, en un mot, paralysée et ni l’Europe ni les Etats-Unis ne peuvent envisager une seule seconde une intervention sans mandat, dans un pays situé au cœur du Moyen-Orient, allié de l’Iran et prêt à éclater. Comme souvent, la diplomatie est impuissante mais reste une question. Comment est-il possible que nulle part, pas plus en France qu’ailleurs, il ne se trouve de partis, de syndicats, de personnalités pour appeler à manifester contre l’assassin de Damas et faire en sorte que ces Syriens dont le courage est si grand, sachent au moins que leur sort n’indiffère pas le monde ? Inexplicable, ce silence est inexcusable."


11 janvier 2011

Copié - Collé : "L'aquoiboniste"

En fait j'ai quand même envie de râler, ça fait longtemps que j'ai pas râlé (pas tant que ça? Ha bon? Tant pis je râle quand même !!). Mais comme j'ai zéro inspiration et, que d'autres ont fait ça tellement mieux que moi, je vais me permettre de râler par procuration !

Voici donc un copié collé d'un article du blog "Bio blog" :

Cette semaine, j'étais agréablement surprise de voir que, récemment, Raffa a été interviewée. Raffa et Hooly sont deux pointures du blog engagé qui m'ont donné envie, à mon tour, de faire passer le message... C'est dire si j'ai du respect pour leur travail, leur point de vue et leur engagement. Je me réjouissais donc de lire la chronique de Messieurs Abiker et Boussageon à son propos.

Mais une fois de plus, j'ai été déçue par l'image que l'on donne des écolos. Déçue et profondément en colère.

Non seulement ils ne semblent retenir du blog de Raffa que la recette de la pâte dentifrice, de façon anecdotique mais ils indiquent aussi qu'"on a même le droit de trouver ces chroniques militantes un peu rébarbatives".

Rébarbatif : voilà ce que le discours écolo inspire à la plupart de mes congénères. Ils sont chiants ces écolos avec leur discours de restriction et d'économie! Combien de fois me dit-on : "oh arrête de jouer ton écolo!" parce que je propose le co-voiturage ou l'économie d'énergie.

Ras le bol!

Ras le bol de passer pour une emmerdeuse quand j'essaie simplement de préserver l'avenir de mes enfants!

Ras le bol de vivre dans ce pays d'égoïstes qui donneront bientôt 50 euros au Téléthon histoire de se soulager la conscience mais qui sont incapables, le reste de l'année, dans leurs actes quotidiens de réduire leurs déchets/emballages/consommations/bouffe pour qu'il en reste aux autres!

Ras le bol des reportages à venir sur "le triste anniversaire du tsunami" quand personne ne s'occupe sérieusement du réchauffement de la planète!

Ras le bol de ces catalogues de Noël qui regorgent de conneries en plastique, à piles, fabriqués par des enfants de l'âge de ma fille, et qui, eux, ne connaitront peut-être jamais le plaisir de jouer avec ce qu'ils auront fabriqué!

Rébarbatif, c'est tout ce que mon dégoût peut inspirer à ces gens-là...

Trouverons-nous "rébarbatif" le fait de plus pouvoir nous chauffer ou nous abreuver dans quelques décennies? Trouverons-nous alors "rébarbatives" les lois qui nous obligeront à vendre nos voitures, à devenir végétariens, à être rationnés en eau quand toutes les ressources de la planète seront épuisées?

Je pense à toutes ces pubs soi-disant écolos qui mettent l'accent sur des produits de consommation : la voiture non-polluante (aberration!), les cométiques bio à la mode ou les fringues en coton équitable tendance!

Je pense à l'image que les gens ont des écolos : des soixante-huitards sur le retour qui mangent des graines d'oiseaux, s'habillent en chanvre et fument des pétards à longueur de journée en cultivant leurs panais, pieds nus et crasseux.

Je pense à ce petit bouquin "L'écologie pour les paresseuses" où l'on voit sur la couverture une femme avec un bonnet péruvien, un gilet en laine et un mouton sous le bras.

Je pense à cet article de Marie-France sur les cosmétiques bio rigolos ou à celui dans Cosmopolitain sur "l'homme bio" parce que le bio est un accessoire de mode comme le fût autrefois la fourrure.

Je pense à ces pubs pour les salons bio où l'on vente "la pause détente, les produits zen pour se ressourcer" comme si le bio était une destination de vacances. Personne ne semble comprendre qu'il en va de notre SURVIE.

Nous sommes des amuseurs de foires, des illuminés, des utopistes (ne nous l'a-t-on pas dit sur ce blog des dizaines de fois?), des rigolos, des gentils agitateurs, des bêtes de cirque, des clowns.

Nous n'arriverons jamais à convaincre le plus grand nombre de ralentir la croissance. 

Imaginez que toute votre famille soit réunie autour de la table (cousins, oncles, tantes, enfants....) Vous apportez le repas principal, vous vous servez la moitié du plat et vous donnez encore un quart à vos enfants, ne laissant plus pour le reste de la famille que le quart restant à se partager. Il y a fort à parier que tous vous feraient une remarque cinglante et qu'aucun ne trouverait votre façon d'agir juste et équitable. C'est pourtant ce que nous, occidentaux, nous faisons avec le reste du monde. Et tout le monde trouve cela normal...

Tout le monde? Non, pas moi. Ni Aspen. Ni nos fidèles lecteurs... Mais voilà le problème : c'est qu'ici, nous nous tapons sur le ventre entre gens convaincus. Qui vais-je toucher vraiment à travers ce blog? Si vous lisez régulièrement, c'est que vous êtes vous-mêmes écolos ou soucieux de l'environnement, à votre niveau.

Les autres, les gaspilleurs, les pollueurs, les égoïstes, les matérialistes, les "winners" auront devant ce blog la même réaction que les journalistes : au mieux ils trouveront cela amusant, rafraichissant, zen et trouveront là l'occasion de réaliser une chronique ou un article susceptible d'intéresser les "bo-bo" dont parle Renaud dans sa chanson. 

Au pire, ils trouveront une fois de plus ce discours "rébarbatif" et préfèreront aller noyer leur conscience ou ce qu'il en reste dans une coupe de champagne servie dans une boîte à la mode...

Une de mes amies pensent que les hommes ne font pas partie de la Nature car ils représentent la seule espèce capable de s'auto-détruire et de détruire ce dont elle a besoin pour vivre. Elle est très fataliste et attend la fin du monde avec le sourire.

Je n'en suis pas encore là, parce que je ne supporte pas l'idée qu'un jour mes enfants puissent manquer d'eau ou puissent mourir de faim. Mais je suis fatiguée de m'entendre dire que je suis utopiste ou alarmiste. Et je repense à cette chanson de Gainsbourg où le héros souffle à chaque refrain "à quoi bon? à quoi bon?"

Récemment, un rapport scientifique a montré aux autorités que le changement climatique engagé est tel que, si rien n'est fait, nous vivrons une crise comparable à celle de 1929 dans moins de 10 ans. 

Inflation, famine, épidémies, chômage démentiel, voilà ce qu'était la dépression dans les années noires.

Parfois je me dis que la meilleure façon de m'y préparer, c'est de me détacher de tout bien matériel. D'apprendre à vivre le plus possible en autarcie, en autonomie, pour être capable le jour où la nourriture, l'eau et le chauffage me manqueront, de brûler mes meubles de famille, mes photos, mes billets de banque, de manger uniquement ce que la Terre voudra encore bien me donner, de savoir fabriquer des vêtements, d'ouvrir ma maison à ceux qui n'en auront plus...

Me replier sur moi : éteindre la radio, vendre la télé, ne plus savoir comment "dehors" le monde s'auto-détruit. Ne plus fréquenter les magasins, les villes, ce pays. Continuer à apprendre à mes enfants à se débrouiller seuls, à n'attendre rien ni des autres, ni du travail, ni de la science, ni du progrès.

Continuer sur le chemin de la Simplicité Volontaire et sur la voie du Respect d'autrui".

Cet article date déjà du 6 octobre 2006.... Ça n'a pas évolué, me voilà encore plus pessimiste... Tant pis....

26 août 2009

Nous y sommes... De F.Vargas.



"Nous y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie de l'humanité, nous y sommes.
Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance.
Nous avons chanté, dansé.
Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine.
Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés.
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.
Franchement on s'est marrés.
Franchement on a bien profité.
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.
Certes.
Mais nous y sommes.
A la Troisième Révolution.
Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie.
« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.
Oui.
On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis.
C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies.
La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets.
De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau.
Son ultimatum est clair et sans pitié :
Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse).
Sauvez-moi, ou crevez avec moi.
Evidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux.
D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance.
Peine perdue.
Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.
Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon
là où il est, attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille, récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marrés).
S'efforcer. Réfléchir, même.
Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire.
Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde.
Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.
Pas d'échappatoire, allons-y.
Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante.
Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible.
A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie, une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut être.
A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.
A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore."